Étapes d’analyse des processus phonologiques

Une analyse fondée sur les faisceaux phonologiques des traits distinctifs.

L’utilité de l’analyse des processus phonologiques à partir des traits distinctifs contenus dans les faisceaux phonologiques permettant de différencier les phonèmes a connu son envol dans les années soixante-dix et quatre-vingt. 

À ce moment-là, l’analyse des processus phonologiques a été décrite sur une base fonctionnelle et articulatoire, mais l’attention s’est vite déplacée sur la fonction des phonèmes dans le système de la langue sous l’impulsion de David INGRAM (1976) qui initia la recherche de patrons dans les erreurs de productions articulatoires pouvant être expliquées à partir du système de la langue, ce que nous appelons aujourd’hui les processus phonologiques.

Pour INGRAM, les processus phonologiques sont des règles descriptives ou des énoncés qui expliquent les erreurs de substitutions, d’omissions, ou d’addition de phonèmes par l’enfant quand il parle en situation de développement phonologique. Dans cette approche, l’enfant est perçu comme tentant de produire tous les segments de la parole adulte mais qui, pour des raisons liées à l’immaturité de ses capacités motrices, cognitives, perceptives ou linguistiques, l’enfant simplifie la cible articulatoire réalisée par l’adulte. Donc, pour INGRAM, les processus phonologiques décrivent la façon dont l’enfant simplifie l’usage pour communiquer. Cette analyse présume donc que l’enfant connaît la forme adulte (ex : [pɔrt] pour porte) mais qu’il omet par simplification le phonème /r/, ce qui implique, nécessairement, une correspondance parfaite (1 : 1) entre le parler de l’enfant et celui de l’adulte.   

L’analyse de INGRAM tient aussi pour acquis que les processus phonologiques se traduisent par des règles de simplification. Malgré le fait qu’il soit impossible pour les règles de tenir compte de toutes les occurrences (erreurs de productions articulatoires) que nous pouvons identifier dans le développement phonologique de l’enfant, son analyse permet tout de même de décrire et d’expliquer ce qui se passe quand nous identifions ces erreurs de productions articulatoires chez l’enfant en plein développement phonologique, sur la base des traits distinctifs.  

Étapes d’analyse

La première étape consiste à obtenir un échantillon représentatif de la production articulatoire de l’enfant. 

La deuxième étape consiste à identifier les écarts dans les productions articulatoires entendues de l’enfant et de les confronter aux productions articulatoires attendues de la langue.

La troisième étape consiste à identifier le processus phonologique qui décrit le mieux ce qui est observé. Nous avons présenté dans cet ouvrage: le voisement, le dévoisement, la nasalisation, la dénasalisation, l’assimilation, la dilation, le sigmatisme, la chute de phonèmes, la substitution, la fluctuation, l’inversion, l’antériorisation, la postériorisation, le glide, l’occlusion et les erreurs de frontières phonologiques, pour ne nommer que ceux-là.  

Il se peut que plus d’un processus phonologique soit impliqué dans la production articulatoire de l’enfant. L’exemple anglophone donnée par ELBERT (1986 : 27) fait état d’une chute de phonème et d’une occlusion ([tɛlʌfon]⇒[tɛpon]).  

Les exercices doivent être complétés en utilisant la méthode décrite aux sections dédiées à la définition phonologique des voyelles et des consonnes qui suit la présentation des tableaux phonologiques. 

En s’appuyant sur les exemples 1 et 2 qui suivent, il faut reproduire la technique qui permet 1) d’identifier les processus – les phénomènes observés -, 2) de présenter les faisceaux phonologiques qui s’opposent, 3) de dégager les traits distinctifs qui sont liés au processus, 4) de présenter les éléments à considérer – l’articulateur, le lieu d’articulation, le mode articulatoire, etc. – et 5) de présenter des pistes d’interventions.

Si l’analyse d’un cas particulier pose problème, il faut consulter les tableaux phonologiques et les définitions des phonèmes pour approfondir davantage l’analyse des traits distinctifs en vérifiant quel trait distinctif du faisceau phonologique du phonème permet de l’opposer à un autre. C’est la base. En effet, les tableaux phonologiques du français donnent des indications claires quant aux deux articulateurs du français, les lieux d’articulations et les modes de productions possibles. Voici deux exemples pouvant être consultés afin de résoudre correctement toutes les études de cas qui vont enrichir la compréhension des intervenants.